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Renkontre avec Claude -Emmanuelle

DJ, mannequin et activiste, Claude-Emmanuelle fait entendre sa voix autant qu’elle impose sa présence. Dans les clubs comme sur les plateaux, elle questionne les normes, célèbre les corps pluriels et revendique une liberté sans concessions. Pour Kasbah Magazine, elle revient sur son parcours, son engagement, et sur ce que signifie exister pleinement — au-delà du genre, du regard et des injonctions.

CLAUDE-EMMANUELLE POUR KASBAH MAGAZINE PAR NIMA
CLAUDE-EMMANUELLE POUR KASBAH MAGAZINE PAR NIMA

Benjamin Germany : Question importante pour commencer: comment vas-tu en ce moment ?


Claude-Emmanuelle : J’ai une image en tête, c’est des montagnes russes. Une des montagnes russes du parc Astérix. Je pense que ça définit bien la situation de comment je me sens en ce moment, donc avec beaucoup de hauts, beaucoup de bas... Mais on garde la tête hors de l’eau, on va dire.


Benjamin : D'où te vient ce surnom de Traumatized Bombshell ?


C.E : Alors, Traumatized Bombshell, c'est pour les personnes qui me connaissent un peu. J'ai commencé ma transition, trigger warning, par une tentative de suicide, et du coup, j'ai

tellement changé physiquement et j'ai tellement mangé mes traumatismes qu'à la fin, qui je

suis aujourd'hui, c'est un truc qui est structurel avec la société, l'endroit où on vit sur la Terre,

mais également la condition politique dans laquelle on vit.

Et tout ceci m'a amené à me conscientiser comme étant une Traumatized Bombshell. Derrière toute personne un peu trop jolie ou avec une esthétique un peu trop attrayante, il y a forcément de gros traumatismes.


Benjamin : As-tu des figures publiques qui ont pu te servir d’exemples quand tu étais plus jeune ? Et espères-tu, à ton tour, inspirer d’autres personnes ?


C.E : La première fois que j'ai vu une personne trans, c'était dans le sud de la France. J'habitais à la frontière espagnole entre Perpignan et Figueras. Et donc, sur le bord de la route, quand on passe, il y a une tripotée de meufs trans qui font du travail du sexe. Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde les insultait autant. Moi, j'étais déjà très fascinée par elles.

Et j'avais compris ce concept que quand elles sont nées, elles n'étaient pas en adéquation avec l'image physique, du moins celle qu'elles renvoient aujourd'hui. J'ai internalisé ça beaucoup de temps jusqu'à ce que je commence à travailler sur ces notions de frontière et ces notions de transition. Et sur les camions qui passent, il y a souvent marqué “trans" quelque chose”. Je trouvais qu'il y avait un rapport entre elles et les camions qui passaient, en fait, qui sont en transit quelque part. Elles aussi, elles sont à une frontière, en transit.

Puis plus tard, je suis arrivée à Paris au moment où on a commencé à avoir la première meuf trans qui a fait une grande cover d'un magazine, c'était Laverne Cox, pour Le Monde, il me semble.

C'était en 2013 ou en 2014. Et là, j'ai vu qu'en fait, il y avait peut-être un possible pour ces personnes-là. Je pense qu’elle, c'était vraiment une première représentation de féminité trans que j'ai amenée avec moi pour être qui je suis aujourd'hui. Et bien sûr, plus tard, il y a eu d'autres très grandes représentations trans. Je pense, par exemple, à la série Pose, qui pour moi, est emblématique.


Benjamin Depuis peu, tu as intégré le monde de la nuit en tant que DJ. C’est une envie que tu as depuis longtemps ? Qu’est-ce que le public peut entendre lors de tes sets ?



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