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Renkontre avec Anna Polina

Figure singulière et médiatique, Anna Polina dérange autant qu’elle fascine. Derrière l’image fantasmée, une femme libre, fine observatrice de son époque et des contradictions qui traversent notre rapport au plaisir, au pouvoir, au regard. Dans cet entretien, elle revient sur son parcours, ses choix, et sur ce que signifie exister en dehors des cadres imposés. Un témoignage fort, nuancé, à la croisée de l’intime et du politique.

ANNA POLINA POUR KASBAH MAGAZINE PAR NIMA & ARTHUR BAR
ANNA POLINA POUR KASBAH MAGAZINE PAR NIMA & ARTHUR BAR

Benjamin : Première question, pour toi, c'est quoi une bonne journée ?


Anna Polina : Pour moi, une bonne journée, c'est déjà le mood que tu vas avoir au réveil, le mood que tu vas avoir au déjeuner, les personnes que tu vas croiser, les activités que tu vas faire. Je pense que c'est important aussi de voir du plaisir, de voir du bonheur dans les petites choses, donc, ça peut être la musique, ça peut être la météo, quand il fait beau, ça peut être de voir des personnes avec qui on est heureux de passer du temps...

Et c'est toutes ces petites choses-là qui font une bonne journée à mes yeux.


Benjamin : Tu as fait pas mal de types d'études, notamment les cours Florent. Comment t'est venue l'envie de rentrer dans le monde de la comédie ?


A P : Lorsque j'étais jeune, j'ai fait très tôt de la danse classique, du théâtre, du tennis. Et le

théâtre, c'était une discipline qui me plaisait énormément. Je trouvais ça intéressant de

découvrir des auteurs, donc quand je suis arrivée au lycée, je suis partie au cours Simon.

J'aime Racine. J'adore Andromaque, Hermione d'Andromaque, c'est vraiment mon héroïne

phare, dont je me répète le monologue Ad vitam aeternam. Et c'est ce qui m'a fait vraiment

aimer le théâtre. Et lorsque je me suis retrouvée à la fac en droit français et droit russe, j'ai

été un peu noyée. Je sortais d'un lycée où il y avait beaucoup de bienveillance donc j'étais

dans une forme de cocon, et me retrouver tout d'un coup à Nanterre, dans des amphis

énormes, avec tous ces trucs à faire, cette pression... Je n’ai pas su la gérer. Et j'ai eu la

chance d'avoir des parents qui voulaient vraiment que je sois épanouie. Donc ils m'ont dit:

“Bah pourquoi tu n’irais pas aux cours Florent ?”. Il y avait les cours du soir, donc je me suis

inscrite, et j'ai eu une très bonne prof, j'ai beaucoup appris. J'ai découvert Sarah Kane,

Samuel Beckett et j'ai travaillé sur tout ça. Pour moi, le théâtre c'est vraiment à part, c'est

transcendant en fait, ça donne un sens à toutes nos douleurs, ça donne un sens à nos plus

grandes joies, et je trouve ça formidable.


Benjamin : À partir de ça, comment as-tu pu accéder au monde du charme ? Qu'est-ce qui t'a attirée dans ce monde-là et comment t'y est rentrée finalement ?


AP : Alors en toute franchise, je ne sais pas s'il y a vraiment un lien, en tout cas dans mon

histoire, entre mon parcours dans le théâtre et mon entrée dans le monde du charme. Je

pense que oui, parce qu'il y a une part de timidité que je n'avais peut-être pas, j'étais assez

à l'aise pour m'exprimer, aussi avec le regard qu'on pouvait porter sur moi, regard positif ou

négatif évidemment, donc je n'étais pas trop complexée à ce niveau-là. Mais je crois que le

monde du charme m'a surtout intéressée lorsque j'ai découvert Virginie Despentes, lorsque

j'ai découvert Coralie Trinity, et ce sont ces lectures-là qui m'ont petit à petit amené à

m'interroger sur qu'est-ce que c'était qu'une actrice X.


Pour moi, il y avait quelque chose de l'ordre de la créature, quelque chose de subversif, et ça m'a intéressée. Donc j'ai fait la démarche de contacter un réalisateur, mais je ne voulais pas du tout me professionnaliser, je voulais simplement vivre une expérience, quelque chose d'un peu singulier, et finalement j'y suis revenue.


J'ai gardé quelques petits contacts dans ce secteur et j'y ai trouvé beaucoup de choses dont on ne parle pas toujours. Une ambiance un peu colo de vacances où tout le monde se connaît, un peu bon enfant. Et puis c'était l'occasion de s'intéresser aussi bien, ça peut en faire sourire certains, au stylisme qu'à l'aspect acting, mais aussi à la performance.

Et ça regroupait finalement plein de choses qui ont pu intéresser la jeune femme que j’étais.


Benjamin : Tu as été l'une des Dorcel Girls. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu en quoi consiste ce rôle et quelle a été ton expérience avec ce studio-là ?


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