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Kasbah sans tabous : Violences conjugales : le gouvernement réellement impliqué ?

Carole, Amélie, Lili et plus récemment Bouchra… elles sont plus de 100 à avoir péri sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints cette année. Bien que les médias alertent et sensibilisent de plus en plus sur les féminicides, le nombre de victimes de violences conjugales augmente toujours plus. S’ajoute à cela l’impression persistante que l’État ne fait pas d’actions significatives pour remédier aux violences conjugales… On en parle !


Le 26 novembre dernier a marqué la date du 105e féminicide de l’année.

Un chiffre hallucinant quand on voit toute la communication déployée autour de la sensibilisation aux violences conjugales.

Pourtant rien n’y fait, les agresseurs ne semblent pas se sentir concernés et continuent de violenter, et pour les plus cruels de tuer les femmes qu’ils prétendent aimer.

C’est le sort qu’a subi Bouchra, la 105e victime de féminicide de l’année 2021.

Le 26 novembre au soir, Bouchra rentre chez elle comme tous les jours.

Seulement ce soir là, elle a la surprise de croiser son ex compagnon Khalid non loin de son immeuble.

Il l’aborde en prétendant vouloir simplement discuter et récupérer quelques affaires alors même qu’il n’a pas le droit de rentrer en contact avec elle. Seulement, quelques minutes plus tard, la prétendue discussion dégénère, et les voisins perçoivent des appels à l’aide depuis la rue.

Quand ils regardent par leurs fenêtres il est trop tard. La quadragénaire gît sur le sol, poignardée à plusieurs reprises… Pourtant, le 25 juillet dernier, l’auteur du crime avait été condamné à un an de prison avec sursis dont six mois fermes pour des faits de violences et pour des menaces à l’encontre de Bouchra.

Dans le cadre de cette condamnation, Bouchra a été équipée d’un « téléphone grave danger », pensé spécifiquement pour les victimes de violences conjugales. La particularité de ce téléphone ? Il est équipé d’une touche qui alerte immédiatement les services d’assistance quand une victime est, comme le nom de l’appareil l’indique, en grand danger. Pour avoir le réflexe de l’utiliser, encore eut-il fallut que Bouchra sache qu’elle était en danger.

En effet, elle n’a pas été informée par la justice de la libération précoce de son ex-conjoint, le 17 novembre dernier.

Un grand manquement de la justice, surtout dans une affaire aussi grave. Les dispositifs déployés par le gouvernement ainsi que le processus de protection des victimes présentent-ils des failles importantes ? D’ailleurs quels sont-ils ?

Tout d’abord, il y a le téléphone grand danger dont était justement équipée Bouchra.

Sur le site officiel du ministère de la justice il est décrit comme étant « une réponse harmonisée aux violences conjugales ».

Une fois équipées de cet appareil, les victimes de violences peuvent plus aisément rentrer en contact avec les forces de l’ordre.

Le téléphone étant équipée d’une géolocalisation, elles sont plus faciles à repérer par les policiers et gendarmes qui peuvent intervenir plus rapidement.

En 2017, plus de 600 victimes étaient équipées de téléphones grand danger.

Autre alternative, le bracelet anti-rapprochement.

Comme son nom l’indique, ce bracelet a été déployé afin d’éviter qu’un auteur de violences n’entre en contact avec sa victime.

Il a été mis en place dans le cadre de la loi de 2019, visant à agir contre les violences au sein de la famille. Les personnes équipées de ce bracelet sont donc sous le coup d’une surveillance accrue de la part des autorités. S’il s’approche au-delà du périmètre imposé par le juge lors de la mise en place du bracelet, l’auteur de violences est immédiatement contacté par une plateforme de téléassistance.

S’il ne rebrousse pas chemin, les forces de l’ordre entrent en action.

S’il semble être le dispositif le plus efficace mis en place jusqu’alors, peu de départements en bénéficient pour le moment. En effet, l’année dernière encore, plusieurs d’entre eux déploraient de ne pas avoir accès au bracelet afin d’assurer la protection des personnes victimes de violence.

En janvier 2021, les plaintes ont finalement été entendues et 65 % de bracelet supplémentaires ont été attribués à des auteurs de violences.

Plus récemment, le gouvernement a déclaré la mise en place d’un numéro destiné aux femmes victimes de violences : le 3919.

Accessible tous les jours 24h/24, il a été mis en place en août 2021.

Quand elles appellent ce numéro, les femmes victimes de violences sont orientées vers des dispositifs d’accompagnement qui peut les mettre en relation avec des numéros d’urgence si besoin.

Malgré tous ces dispositifs, les femmes continuent de mourir.

Elles sont plus nombreuses chaque année.

Pour les victimes de violences interrogées sur France.tv Slash, l’un des principaux obstacles qu’elles rencontrent dans leur parcours pour se faire aider est la réaction des forces de l’ordre.

Si certaines ont eu la chance de tomber sur des policiers ou gendarmes bienveillants, d’autres ont vu leurs problèmes être minimisés et parfois même moqués par leurs interlocuteurs.

Un homme victime de violence qui intervenait dans cette émission a ainsi vu les violences qui lui étaient infligées être minimisées par ses interlocuteurs qui lui ont laissé comprendre qu’un homme ne pouvait être victime de violence que s’il le voulait bien… Or, dans la plupart des cas, le premier contact avec les forces de l’ordre est primordial.

Il est souvent déterminant pour le devenir des victimes qui choisiront de se taire ou non en fonction de la manière dont elles ont été reçues et écoutées.

Un policier qui essaiera de convaincre une femme de ne pas déposer plainte contre un homme, sous prétexte que ce dernier est le père de ses enfants, n’a pas grande utilité dans le dispositif de prise en charge des violences conjugales.

Dans l’idéal, il serait primordial que les policiers et gendarmes soient sensibilisés à ce type de violences et reçoivent une formation pour appréhender au mieux les plaintes des personnes qui en sont victimes.

Si jamais une personne ayant le bras long tombe sur ces quelques lignes, à bon entendeur…


Article écrit par Elodie Gros-Désir

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