Kasbah sans tabous : Les troubles psychiatriques, une nouvelle tendance ?
- Elodie Gros-Desir
- 9 sept. 2021
- 3 min de lecture
Étant une grosse consommatrice de vidéos YouTube, il m’est arrivé de tomber à plusieurs reprises sur les vidéos de créateurs de contenu s’interrogeant sur la représentation des troubles psychiatriques sur les réseaux sociaux et dans la pop culture.
Pourquoi à l’heure actuelle être atteint d’un trouble mental est-il si « hype » ?

Regelegorila ou encore Mehdi Sofiane évoquent dans leurs vidéos le sujet de la
« glamourisation » des troubles psy.
Bien qu’ils traitent de domaines totalement différents sur YouTube, leurs discours sont sensiblement les mêmes : les maladies mentales sont devenues tendances dans les séries ainsi que dans la pop culture. Pourtant il y a quelques années, la situation était totalement différente.
Le sujet des troubles mentaux était tabou et quand ils étaient représentés, ils étaient presque diabolisés.
Aujourd’hui être atteint de troubles est devenu tendance et est presque enviable pour les plus jeunes. Si on remonte un peu dans le temps, en 2007 déjà, la série Skins abordait des sujets très forts comme l’anorexie et la dépression au travers des personnages de Cassie et d’Effy qui étaient au centre des saisons 3 et 4. Effy est d’ailleurs devenue l’héroïne torturée par excellence : sombre, mystérieuse, instable... jusqu’à devenir un modèle pour les ados fans de la série. Pourquoi ?
Pour la simple et bonne raison que, dans Skins, toutes les filles voulaient être ses amies et que tous les hommes qui l’approchaient tombaient sous son charme. Tout ça sans que personne ne pointe du doigt son comportement souvent très limite. De ces troubles découlaient des relations souvent toxiques et destructrices qui là encore étaient totalement romantisées et érigées en relations idéales (coucou Effy et Fred).
Non, imposer à quelqu’un son instabilité en refusant de se faire soigner et se justifier en se convaincant que ça pimente notre quotidien, ce n’est pas sexy... Plus récemment, c’est dans la série 13 Reasons Why que la dépression et le suicide ont pris une toute autre dimension. Comme l’explique Mehdi Sofiane dans sa vidéo, avec le système des cassettes, le suicide d’Anna est mis en scène de manière théâtrale.
Si la plupart des téléspectateurs ont regardé la série sans qu’elle ne perturbe leurs vies outre mesure, chez d’autres, plus fragiles, elle a eu une résonance beaucoup plus forte -et pas dans le bon sens... Tout comme Effy, Hannak Baker a été érigée en héroïne sombre, torturée jusqu’à devenir un exemple à suivre pour certains.
Et c’est là que se situe le problème. Si la représentation des troubles mentaux dans les films et séries sans tabou constitue une avancée considérable, l’angle sous lequel certains réalisateurs choisissent de les traiter peut s’avérer problématique. C’est pourquoi, dans la saison 2 de 13 Reasons Why, de nombreux avertissements étaient faits avant la diffusion des épisodes pour alerter les plus fragiles.
Les réalisateurs ont même été jusqu’à revoir la scène du suicide d’Hannah dans la saison 1. « Fun » fact : Selon une étude tirée du Journal of The American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, aux États-Unis, le taux de suicide a augmenté de 29 % chez les 10-17 ans entre le 1er avril et le 31 décembre 2017.

Dans sa vidéo Mehdi Sofiane parle d’exemples plus concrets et pointe du doigt les influenceurs qui mettent en scène leur maladie.
Il dénonce ceux qui s’auto diagnostiquent voire s’inventent des troubles pour gagner en followers...
Sauf que les troubles psy ne sont pas à prendre à la légère. On ne s’invente pas un trouble pour avoir l’air cool. Les maladies mentales ne sont pas cool !
Elles font souffrir ceux qui en sont atteints et il est compliqué pour eux de composer avec au quotidien.
De plus, fournir à ses abonnés un diagnostic erroné est un bon moyen de les embrouiller. Si les troubles mentaux ne sont pas cool, ils ne sont pas une honte pour autant. Alors que faut-il faire pour éviter de participer à cette mouvance parfois malsaine ?
Pour commencer il faut éviter
l’auto diagnostic et préférer l’avis d’un professionnel aux pseudos articles psychos disponibles sur le net. Il est aussi nécessaire de faire la différence entre l’acceptation d’une personne avec son trouble et l’admiration qu’on peut lui vouer voire l’envie que l’on peut éprouver envers elle.
Pour faire la distinction entre les maladies mentales telles qu’elles sont représentées dans les films et séries et la manière dont elles se manifestent vraiment, il peut être intéressant de se renseigner, de se documenter, voire d’en parler avec des professionnels (oui oui, encore eux). Et puis ne pas avoir de trouble ne fait pas de vous une personne sans intérêt.
Alors oui, quelques uns des meilleurs artistes se sont avérés être atteints de troubles psychiatriques (Van Gogh et son oreille coupée par exemple) , mais d’autres tout aussi talentueux ne le sont pas.
Vivez donc votre vie comme vous l’entendez et n’hésitez surtout pas à consulter en cas de doute, cela peut être salvateur.
Article écrit par Elodie Gros-Desir
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