Élever le regard : mettons à nu les clichés !
- Emma Jalis
- 3 sept. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 sept. 2021
Il ne reste plus que quelques jours pour découvrir l’exposition de Kamila K Stanley dans la cour de l’Hôtel de Ville de la mairie du 9ème arrondissement de Paris. Engagé, inclusif et épatant, ce projet photo brise le tabou autour du handicap et dénonce le validisme. En parallèle de cette exposition, le musée de Louviers en Normandie accueille les photos de l’artiste.

Kamila K Stanley s’attaque à un sujet tabou : le handicap. Son projet est composé de 13 portraits d’enfants en situation de handicap. On compte 7 panneaux.
À la manière d’une pièce de monnaie, l’affichage est resto-verso. Connaissez-vous les grands panneaux gris avec l’inscription « JCDecaux » ? Les panneaux de votre mairie ? C’est bien ceux-là pour exposer le travail de Kamila K Stanley… Un petit effort non… ? Passons ce détail. Dès le premier coup d’œil, l’exposition attire : de quoi parle-t-elle ?
"Un projet engagé"
De vraies starlettes ! Les enfants de l’association Chouette On Apprend sont mis à l’honneur dans cette exposition. Elle décore la cour de l’Hôtel de Ville du 9ème arrondissement. L’exposition est inédite par son sujet : le handicap et surtout la lutte contre le validisme. Kamila K Stanley réussit son rôle de médiatrice de l’information. Les photos sensibilisent sur la place des personnes handicapées dans la société.
C’est un choix de sujet risqué, mais c’est réussi puisque la photographe ne commet aucune discrimination. À présent, analysons les photos. Les couleurs sont vives et le cadrage s’apparente à un portrait classique malgré quelques photos prises en plan large. Les couleurs des décors et des vêtements des enfants sont vives. Pour certaines photos, on retrouve l’esprit « salle de classe » avec un décor vivant et au premier plan, l’enfant assis et face à l’objectif.
L’exposition est petite et accessible à tous. Elle est pourtant touchante pour plusieurs raisons. D’abord, les photos sont tout simplement des portraits d’enfants. L’exposition montre des jeunes enfants prenant fièrement la pose.
La plupart d’entre eux sont souriants. On ressent le naturel d’un enfant devant l’objectif.

Dans un second temps, si on analyse, on remarque que les photos soulèvent un tabou : le handicap n’est pas associé aux malheurs. L’exposition bannit ce vieux préjugé.
Merci Kamila ! Ce projet transmet l’innocence des enfants qui se prêtent au jeu de mannequin. Les photos peuvent aussi provoquer un électrochoc puisqu’elles sensibilisent. Nul doute, ce projet est un véritable engagement.
La photographe brise les codes sans utiliser les mots, sans panneau explicatif. Les images parlent d’elles-mêmes.
Une lutte contre le validisme
Gucci, Yves Saint Laurent, Maison J Simone ou encore Marianna Ladreyt : la haute couture s’allie à ce projet.
Connue pour ses projets photo mode, Kamila K Stanley a laissé les enfants jouer avec les tissus. Ici, la mode est utilisée comme un moyen original et créatif pour lutter contre le validisme. C’est un choix intelligent pour attirer l’œil. Les photos sont colorées grâce aux vêtements. Petite anecdote : lors des sessions photos, les enfants ont composé leur tenue. Ils ont aussi choisi des jouets présents dans la sélection stylisme. Ces jouets font figure d’accessoires.
En choisissant de collaborer avec des maisons de couture, Kamila K Stanley sensibilise les stylistes et permet aux enfants de se transformer en véritables petits mannequins le temps d’un shooting photo. Le handicap rencontre le monde de la mode.
Avez-vous déjà entendu la notion de validisme ? Sortons le dictionnaire alors.
D’après le Robert, le validisme s’apparente à un « système faisant des personnes valides la norme sociale ».
Les mots sont révoltants. Par extension, le validisme est un acte de discrimination envers les personnes en situation de handicap. Infantiliser, ne pas demander l’accord d’une personne handicapée avant de l’aider à se déplacer, hésiter entre aider ou baisser les yeux… toutes ces actions sont considérées comme validistes. N’avez-vous jamais été influencé par ces préjugés ?
Ce n’est pas l’heure de votre procès rassurez-vous. L’objectif de cette exposition est de sensibiliser chacun d’entre nous. C’est la société qui dessert un poids d’autopunition.
C’est la société qui alimente l’imaginaire de la « différence » entre les personnes handicapées et valides. C’est à la société de s’adapter.

Élever le regard défie les préjugés autour du handicap. L’exposition met le doigt sur un véritable problème de société : le validisme. À travers les photos, on ne peut que ressentir la beauté et l’amour de ces enfants.
La photographe joue également avec l’image de la mode pour éveiller les consciences : l’intéressement du spectateur se provoque grâce aux vêtements.
Un monde inclusif, est-ce trop demandé ?
Infos pratiques :
- Quand ? Du 23 août au 6 septembre
- Où ? Dans la cour de l’Hôtel de Ville, 75009 Paris. Lundi au vendredi 8h30 - 17h (19h30, le jeudi)
- Prix ? Gratuit
Kamila K Stanley expose aussi à Louviers :
- Quand ? Du 25 août au 18 septembre
- Où ? Dans 21 espaces de la ville et sur le réseau d'affichage urbain
- Prix ? Gratuit
Article écrit par Emma Jalis
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