ZED YUN PAVAROTTI : L’EXEMPLE DE LA TRANSITION MUSICALE
- Benjamin Germany
- 11 avr. 2023
- 4 min de lecture
Ce qui fait qu’un chanteur ou une chanteuse devienne artiste, c’est la quête d’identité et sa trouvaille. Aujourd’hui, je vous parle d’un artiste qui, au-delà de trouver son identité, a réussi à l’imposer auprès de son public et s’apprête à en conquérir un nouveau. Aujourd’hui, parlons de Zed Yun Pavarotti.

J’ai pour habitude de vous présenter les artistes au fil de leur carrière mais aujourd’hui ce sera légèrement différent. J’ai un rapport très personnel avec la musique de Zed Yun Pavarotti et j’aimerais l’utiliser afin de vous donner envie de la découvrir. Sur ces bons mots, débutons.
Je découvre le phénomène en fin 2018 par le biais de son freestyle « Frenchmen » sur Konbini. La prod est signé Seezy (producteur de Vald entre autres) et je me prends une claque comme j’en ai rarement reçu. Sa voix nonchalante, l’aisance de son flow et son attitude de fou furieux, je tombe amoureux de l’entièreté du personnage. Une question me vient directement : « Mais qui est ce mec ?! ». Immédiatement, je démarre les recherches, je vois qu’il vient de St-Etienne et qu’il a sorti un projet plus tôt dans l’année qui s’appelle « Grand Zéro ». Première surprise, je constate que son freestyle est un best-of de phrases qu’il chante tout au long de ce projet, une manière originale d’en faire la promotion. La seconde surprise et pas des moindres, c’est la variété des prestations dans « Grand Zéro ». On peut passer d’un morceau beau et ensoleillé comme « Le Paon » à des morceaux très sombres, ambiance satanique avec « Ulysse » par exemple. Je comprends très vite que c’est un artiste que je vais suivre de très près.
On arrive en février 2019, Zed Yun Pavarotti a déjà sorti un single, « Septembre », pour son projet à venir. Mais voilà qu’il dévoile le deuxième, le morceau « Papillon ». C’est à ce moment que je conscientise un autre aspect de sa musique que j’adore, c’est son écriture. Il y a quelque chose de très cryptique dans sa plume. Les phrases ne sont pas évidentes, mais font ressentir une émotion dingue que je ne m’explique pas. J’y retrouve un aspect poétique qu’on entend généralement dans la chanson avec des artistes comme Mylène Farmer et ça me touche énormément. J’aimerais vous en citer quelques-unes afin que vous puissiez comprendre :
« Adieu mon amour, je t’aime pour la dernière fois » / « Je t’aime pour la vie, celle qui se termine » - Velours « C’est le bon chemin, souviens-toi, y’avait pas la rime et le vent souffla » - Papillon « Les tenues sont grave chères, plus chères que mon espèce » - Coquillage « Glock sous les genoux, j’étais mieux quand j’étais mort, y’a sept nuits pour un Dieu, y’a de l’eau pour être très fort » - Le Matin

Mais revenons sur sa seconde mixtape « French Cash » qui sort courant 2019. On peut y ressentir toute la diversité musicale qu’il explore et constater que, finalement, le rap n’est qu’une porte d’entrée. Des morceaux électroniques comme « Coquillage » et « Apocalypse » ou encore de la pure chanson avec « Velours ». Dans la même période, je découvre Zed Yun sur scène et là encore, il parvient à me surprendre. Aucun artifice, un pied de micro, son attitude nonchalante et son ami producteur Osha à la guitare et aux machines. C’est le moment de vous parler de l’influence principale de cet artiste. Ce n’est pas le rap ni même la pop mais bien le rock, le rock anglais plus précisément. C’est en concert que ça saute aux yeux car il adopte une position similaire à Liam Gallagher, membre emblématique du groupe Oasis.
Cette influence va se montrer bien plus présente par la suite. Au travers de différentes interviews, Zed Yun prépare son public à la transition en parlant de plus en plus de rock et prévenant que c’est la direction qu’il souhaite prendre pour son premier album
« Beauseigne ». Pendant l’écoute, on comprend clairement qu’il cherche à nous amener ailleurs. Il y a des morceaux où c’est évident comme « De Larmes » ou « Amoureuse » mais ce qui m’intéresse, c’est la subtilité. On peut la trouver dans le mix des morceaux, la voix est plus brut, moins travaillée. Les prods sont plus acoustiques également, surtout dans la seconde partie du projet. C’est une préparation en douceur pour le virage complet que sera le second album.

On arrive donc au 7 avril 2023 et à la sortie de l’album « Encore ». L’introduction s’appelle
« House » (c’était également le premier single) et elle sonne comme l’adieu à son ancienne musique pour un retour aux sources de ses inspirations musicales. C’est clairement un album de rock, sans concession. La transition est faite et Zed Yun a amené tout son public rap avec lui pour s’intéresser à cette musique. Certains quitteront le navire mais tous auront écouté, c’est ça le plus important. Pour ma part, j’ai l’impression de voir un vieil ami prendre une route différente de la mienne pour accomplir ses objectifs et c’est pour cela que je continuerai de le suivre, avec une émotion certaine.
Article écrit par Benjamin Germany
Comentarios