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RENKONTRE AVEC LE CLUB INDIGO

À l’occasion d’une entrevue Matthieu, membre du groupe Club Indigo, est revenu sur leur parcours, les différentes influences et ce qu’ils préparent dans un futur proche.


Peux-tu te présenter et présenter le groupe « Club Indigo » que tu formes avec Charles ?


Mathieu : Donc à la base, on est deux, Charles et moi. On a fait nos études ensemble et on joue ensemble depuis une dizaine d’années. On a eu plusieurs projets avant de former Club Indigo. En premier, on était plus sur du live instrumental. On faisait des covers jazz pendant assez longtemps puis on a fait des compositions, toujours sur du jazz. Cette partie-là s’est terminée juste avant le Covid ou plutôt à cause du Covid. Sinon, à côté, on faisait pas mal de sessions Jam dans Paris avec des amis. En faisant du jazz, on a commencé à jouer avec des gens qui faisaient du rap et ça marchait plutôt bien donc on les a intégrés à nos concerts. On faisait une partie instrumentale orientée jazz moderne puis une partie avec des invités plus vers le Rap. Finalement, c’est ça qui nous a amenés vers la composition. On ne faisait pas de productions de musique, c’était un peu dur pour nous.

Maintenant, Charles est à Nantes, je suis à Paris donc Club Indigo n’est pas un groupe live. On est donc arrivé à la musique produite par la musique live. La compo a commencé avec ces rappeurs, en plus c’était la mode du rap donc ça tombait bien. Nos premières ébauches de productions étaient une sorte de « jazz Rap » du coup, mais le projet n’a pas abouti.

À l’époque, on aimait vraiment Anderson Paak, on avait très envie d’essayer, on n’a pas réussi à d’emmener cet univers rap vers quelque chose de plus RnB groove français. On tenait vraiment à faire du français. C’est difficile de faire morceaux en français, quand on voit le nombre de groupes français qui chantent en anglais. Donc on voulait un mec qui chante en français, à cette époque-là, on avait beaucoup de choses à apprendre. On a trouvé Alex qui est le chanteur du premier EP Flamingo avec qui on a monté un projet de rap chanté avec des instrus inspirées d’Anderson Paak. On a fait 4 morceaux avec Alex, on a pas mal charbonné dessus et c’est devenu notre premier EP sous le nom Club Indigo qui est sorti durant la période Covid.


Vous avez tout fait seuls sur ce premier EP ?


M : Le mix et le master, on les a fait faire. Et on s’est occupé de tout le reste avec toutes les erreurs possibles et imaginables bien sûr mais on voulait absolument boucler ce projet. Charles était encore sur Paris et notre but était de faire du live. On a monté un set et fait pas mal de répètes mais finalement ça ne s’est pas fait car le Covid est arrivé… Les musiciens ne gagnaient plus leurs vies, Charles est parti à Nantes. Donc la partie live du projet a un peu échouée…


Vous n’avez eu le temps de ne faire aucun concert ?


M : Exactement. Mais on a essayé de porter le projet. Et ce projet c’était vraiment à deux avec Charles, on faisait les sons, mais on avait une collaboration avec un chanteur qui proposait les textes. On travaillait les mélodies avec lui, les voix, les harmonies, il y avait un échange. Puis, on s’est dit que finalement, le produit final était loin de ce qu’on avait en tête. On a affiné nos goûts, on a eu le temps de prendre du recul, de plus prendre en compte ce qui nous correspond. On a travaillé avec pas mal de chanteurs différents mais on n’arrivait pas à les intégrer à notre démarche. C’est aussi à cause du Covid, c’était difficile d’aller voir des gens et d’interagir. Bref on avait du mal.


C’était une période compliquée pour la création et faire des rencontres artistiques…


M : Au bout d’un moment, on s’est dit qu’on y arrivera pas, ça faisait un moment qu’on voyait des gens, on échangeait, on faisait du ping-pong avec des morceaux… On avait peut-être aussi une idée trop précise de ce qu’on voulait. Mais bon, d’un autre côté, plus on avançait, plus on faisait de choses nous-mêmes. Du coup on s’est dit, autant essayer de tout faire nous-mêmes, du début à la fin. Je ne chantais pas beaucoup mais je me suis dit, je vais essayer de chanter et d’écrire. Pour le mix, on ne maîtrisait pas beaucoup non plus mais Charles a commencé à s’y intéresser. Donc on a repris le projet à deux en se disant : « on va tout faire ». On voulait aussi un son plus défini. Le projet en était pas très loin, quand on compare au dernier single, ça se ressemble car on est toujours derrière la production mais on sent qu’on cherche un son différent.

En effet, il y a une véritable évolution entre l’EP « Flamingo » et votre dernier single « Jalousie »...


M : Oui, on voulait se rapprocher d’un truc californien 70’s, un morceau bien produit mais un peu rétro, en tout cas, c’est les images qu’on avait en tête quand on développait ça. Aussi visuellement avec notre Instagram avec les affiches rétro un peu années 50.

Voilà comment on en est arrivé là.





Revenons sur votre premier EP, tu disais que vous avez collaboré avec un chanteur extérieur (Alex), comment vous avez construit les morceaux, vous bossiez directement ensemble ou bien vous faisiez les prods en premier temps et lui venait poser ses textes dessus ?


M : C’était assez large. On avait pas mal de morceaux déjà faits avec Charles à au moins 80%, il ne manquait que les arrangements, ce qui fait évoluer les morceaux. Mais le corps était là, il y avait une proposition de refrain et de couplet. Donc on lui proposait ces morceaux et lui avait des textes, il posait des mélodies sur le son. En général, il en proposait une seule, ce n’est pas réducteur, c’est juste que je sais que certains proposent 10 versions d’un même texte, lui c’était une version du texte. Puis on se retrouvait tous ensemble et on faisait du « microtuning » pour les verses (couplets). Pour les refrains, la plupart sont sortis entiers dès le début et pour le reste on faisait 4 ou 5 versions. On lui disait « est-ce que tu peux changer cette vibe-là ou ce mot-là ». Parfois, on a fait des réécritures de morceaux sur les arrangements quand on les trouvait trop plats. En gros, quand on trouvait que la mélodie n’évoluait pas suffisamment. On gardait la mélodie mais on changeait l’instrumentalisation derrière. Donc beaucoup de morceaux ont été fait avant mais ils ont vraiment évolué.

Au niveau des textes, vous laissiez Alex totalement libre ou bien vous aviez des thèmes précis que vous vouliez aborder ?


M : Les textes étaient entièrement de lui. Il tenait à garder la main dessus. Sur la partie mélodie, on était assez libres pour les modifications mais nous n’avons pas eu de collaboration sur les textes.


Cet élément a participé plus tard au fait que vous vouliez tout faire par vous-mêmes ? Pour des morceaux en français, le texte peut se révéler très important…


M : Oui bien sûr. On s’est d’abord demandé si on pouvait le faire car ce n’est pas évident, c’est un travail d’écrire un texte et de le mettre en musique. Au départ, on ne savait pas le faire. J’avais quelques chansons qui traînaient mais aller au bout du processus, c’est encore autre chose. C’est 10% de plaisir et le reste, c’est de l’acharnement. C’est difficile dans une collaboration d’être aligné sur des images et des sujets donc ça a sûrement joué aussi.


Concernant votre dernier morceau en date « Jalousie », c’est toi qui as écrit le texte ?


M : Oui, c’est moi pour le texte de Jalousie.


Quelle a été ta démarche ? C’était le premier texte que tu écrivais en entier ou bien tu avais un peu d’expérience et ça a été naturel ?


J’avais déjà travaillé par-ci par-là mais jamais sur une chanson. La façon d’aborder une chanson n’est pas évidente, tu sais jamais si tu dois commencer par le texte ou par la mélodie. J’ai l’impression que chacun à sa sauce. Moi j’avais déjà écrit quelques textes mais rien de bien extraordinaire. Ce qui est marrant, c’est que je voulais écrire un morceau qui représenterait le « son » que j’avais en tête, un « son » pour le groupe. Je regardais le film La Piscine avec Alain Delon et Romy Schneider et c’était un peu l’approche que je cherchais. J’avais ce thème en tête depuis un certain temps et je voulais en faire une chanson. Je cherchais une mélodie qui ferait groove mais pas joyeux, une ambiance un peu lourde. J’ai écrit les paroles à partir de la mélodie que j’ai jouée. Apparemment ce n’est pas la façon la plus facile d’écrire, poser des paroles sur la mélodie que tu as. J’avais aussi quelques livres qui correspondaient à cette ambiance. Donc c’est comme ça que j’ai écrit ce morceau, avec une image et un champ lexical.


Justement, on retrouve bien cette ambiance, notamment dès le début avec le bruit

de la piscine.

Le décor est planté immédiatement et l’image est bien présente. Le traitement de ta voix joue beaucoup également pour cette ambiance…


M : On avait une idée de traitement avec une superposition de voix qui donne un effet de chorus. On a une voix plus grave et une voix plus aiguë qui donne cet effet.


Ce genre de mix est la direction artistique que vous voulez pour ta voix sur les prochains morceaux ou c’était vraiment pour coller à l’ambiance de ce morceau en particulier.


M : Pour moi, c’est contextuel au morceau. Après, c’est une solution intéressante, c’est sûr. Ce ne sera pas forcément sur toutes les chansons mais c’est vrai que la voix suraiguë, c’est un effet qui nous intéresse.


Ça donne tout de suite une vraie personnalité au morceau et à l’interprète…


M : Ouais, le côté Bee Gees (rires). Après eux ils chantaient super bien. Mais il y a assez peu de gens qui chantent dans le suraigu en ce moment.


En ce qui concerne la suite, vous travaillez sur de nouveaux morceaux ? Peut-être du live prévu ou bien un nouvel EP ?


M : Pour le live, on n’y pense pas pour le moment. C’est compliqué de monter un live sur des morceaux produits. Si on le fait, ce sera plus tard. Pour l’instant, on va essayer de sortir des singles tous les deux, trois mois. On veut clarifier la démarche qu’on a en tête. On n’a pas forcément besoin d’un format EP car on ne veut pas particulièrement tourner. Par contre, on aimerait bien poster régulièrement des singles, c’est plus facile pour communiquer qu’avec un EP sans tournée. Ce sont des morceaux plutôt cool qu’on finit de peaufiner, un peu dans la même vibe, on essaye de creuser et de confirmer dans ce genre de musique.


Ce format single est très intéressant car il vous permet d’expérimenter maintenant que vous êtes deux. Il vous permet de trouver ce qui vous va le mieux…


M : Exactement et puis la plupart des « jeunes » groupes qui sortent des EP ont sorti la plupart des titres en single avant. Souvent, ils sortent 3 singles et pour la sortie du quatrième, ils mettent le tout dans un EP. Donc rien ne nous empêche de faire ça (rires).

On va essayer de faire une succession de morceaux cohérents les uns avec les autres.


Êtes-vous toujours influencés par Anderson Paak en tête ou vos influences ont évolué avec le temps ?


M : Plus du tout (rires). Dans nos influences actuelles, on a L’Impératrice naturellement. On aime bien Parcels aussi notamment leurs guitares qu’on trouve vraiment très bien. Et un mec qui s’appelle KESMAR, c’est un australien, d’ailleurs il a fait une collaboration avec Flore de L’Impératrice. C’est un peu rétro, il fait un gros travail sur le traitement des voix et surtout le traitement de son mix, c’est vraiment très propre. Si tu ne connais pas, je te le conseille.

J’irai écouter sa musique ! Déjà, avec L’Impératrice et Parcels, je vois la direction.


M : Dans le style, j’ai aussi écouté Papooz. J’ai été les voir la semaine dernière, c’était vachement bien. Ce sont de bons musiciens aussi, deux guitares hypers intéressantes. C’est plus rock que les autres que j’ai cité. Voilà, à peu près, pour les influences (rires).


Et dans ces influences, comment pensez-vous trouver votre originalité ?


M : C’est une bonne question (rires). Déjà avec les textes en français et en essayant de ne pas calquer ce que font les autres surtout. On peut prendre la même direction mais ne pas avoir le même son. Par exemple, j’aime les guitares de Parcels, qui sonnent comme celles des Daft Punk qui elles-mêmes sonnent comme celles de Michael Jackson (rires), donc on peut prendre des éléments sans faire la même musique.


Avoir conscience de ses influences, ça permet de justement ne pas les copier…


M : Ouais ça permet de faire attention, je suis tout à fait d’accord. On essaye aussi de s’inspirer de musiques plus anciennes, notamment pour avoir un son plus organique.


C’est vrai qu’on a un rapport très électronique à cette musicalité aujourd’hui alors qu’avant dans ce genre, on était sur des sonorités plus organiques.


M : Exactement, comme les Bee Gees par exemple, oui je suis très Bee Gees en ce moment (rires). Ça tue et tout est enregistré avec les musiciens du début à la fin quoi.

C’est hallucinant.


Un petit mot pour la fin ?


M : Non, je pense que j’ai déjà beaucoup parlé. Je voulais que tu aies de la matière (rires).


Interview faite par Benjamin Germany


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