« Nous vous aimons, Madame. » Simone Veil 1927-2017 : l’exposition hommage
- Emma Jalis
- 27 juil. 2021
- 4 min de lecture
La mairie de Paris rend un hommage à Simone Veil. Il est sous la forme d’une exposition à la salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville. Les documents proviennent des archives de la ville. Ils retracent la vie de cette femme engagée, du diplôme du baccalauréat jusqu’au manifeste des 343.

Avez-vous aperçu la citation : « Les arbres, pour moi, surtout sur la route dans certains trajets, il faisait très froid et j’ai le souvenir que ses arbres pris dans la glace, c’était l’un des rares moments où l’on avait un sentiment de beauté » ? C’est normal ! La phrase est affichée sur la façade de la mairie de Paris. On peut la voir depuis la place de l’Hôtel de Ville. Cette citation fait écho à l’exposition « « Nous vous aimons, Madame. » Simone Veil 1927-2017 » puisqu’elle appartient à Simone Veil.
"La femme aux mille combats"
Déportée, politicienne, féministe, magistrate : Simone Veil a eu plusieurs vies. L’exposition nous le fait ressentir. On la (re)découvre à travers un parcours en 9 pièces : « Enfant », « Traquée », « Déportée », « L’aube à Birkenau », « Étudiante », « Magistrate » , « Européenne », « Témoin » et « Icône ».
Ces différentes salles retracent la vie de Simone Veil de A à Z. Pour l’opinion publique, elle est d’abord une ministre engagée pour l’égalité femmes-hommes. Les pièces « Magistrate » et « Européenne » sont dédiées à sa vie politique. Simone Veil, c’est les premières campagnes de sensibilisation contre le tabac, la dépénalisation de l’avortement, la libération de la contraception, le manifeste des 343, la lutte contre le sida, etc.
Quelle femme !
L’exposition réussit à mettre son rôle de ministre en avant. Tous ces combats sont illustrés par des documents officiels, des vidéos et des affiches publicitaires.

Simone Veil est aussi une figure du génocide juif pendant la Seconde Guerre mondiale. Trois salles aux couleurs sombres traitent de la déportation : les pièces « Traquée », « Déportée » et « L’aube à Birkenau ».
Ce sont sûrement les salles les plus importantes de l’exposition.
Elles entretiennent la mémoire des camps de concentration.
Ces salles montrent aussi la force de Simone Veil qui s’est battue pour que cette période reste dans la mémoire collective. Grâce aux archives de la ville, l’histoire renaît.
On y trouve des photos de son quotidien dans les camps de concentration à Auschwitz et à Bergen-Belsen, des documents officiels comme le récépissé de déclaration en tant que juive ou une liste des arrivées dans un camp de concentration mais aussi des objets plus personnels comme le carnet de scoutisme de Simone Veil.
Ces archives sont poignantes et l’atmosphère est religieuse.
Les citations aux murs, de la jeune déportée, provoquent davantage d’émotions : « Au moment de la libération je me suis vue dans le regard des premiers Anglais qui rentrait dans le camp, c’est là que j’ai eu conscience ».
"Un hommage à la hauteur de l’icône ?"
« Nous vous aimons, Madame. » : la citation apparaît dès l’entrée de l’exposition. Elle frappe tout de suite. C’est Jean d’Ormesson qui l’a prononcée à… Simone Veil bien sûr (c’est le sujet de l’exposition, logique…) !
L’écrivain souhaitait rendre hommage à cette femme d'exception qui venait de rejoindre les immortels de l’Académie française en 2010.
Le reste de l’exposition est sur cette même tonalité : rendre hommage à Simone Veil, une femme engagée. La mairie de Paris n’a pas fait les choses à moitié en installant l’exposition à la salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville.
L’architecture parisienne, tout ce qu’on aime ! Les différentes pièces de l’exposition ont des couleurs différentes. Ces dernières contribuent donc à l'atmosphère de chaque salle.
Bien joué !

Cet hommage est-il réussi ? Le sujet de l’exposition, validé. Le lieu, validé. Quand est-il du contenu ? L'exposition est composée de textes explicatifs sur les salles, des documents et photos d’époque, des citations et quelques vidéos.
Les sources sont variées et c’est appréciable.
Cependant, on peut noter le manque d’intimité. Je m’explique… Les photos de famille sont omniprésentes.
Le problème est qu’elles sont exposées sur des murs unis. On attendrait peut-être un agencement différent, révélant davantage l’intimité de ces photos. Elles sont exposées à la manière de documents officiels : les cadres sont simplement cote à cote. C’est dommage, puisque ce sont des photos inédites pour le public.
Simone Veil est une icône. Il y a donc de nombreux documentaires et expositions sur l’ancienne ministre.
Cette exposition se démarque avec ces photos de familles. Il manque alors peut-être un aménagement plus attirant.
J’entends déjà les commentaires des non-vaccinés ou des mi-vaccinés (avec seulement 1 dose) : « On va devoir faire un test pour visiter cette exposition ! ». Pas de panique ! Vous pouvez aussi découvrir « « Nous vous aimons, Madame. » Simone Veil 1927-2017 » en ligne, sur le site de la mairie de Paris. Merci qui ?
Cette exposition vaut le détour (même en ligne) pour les documents inédits des archives de la ville. Les trois salles sur la déportation sont aussi importantes puisqu’elles entretiennent la mémoire de la Shoah.
Jean d’Ormesson avait raison : nous vous aimons Madame Veil.
Je vous aime, toutes ces femmes qui se révoltent, revendiquent leurs choix. Toutes ces grands-mères, mères, tantes, soeurs et cousines qui se battent pour la place de présidente ou pour celle dans le métro.
Toutes ces femmes qui veulent juste qu’on les laisse tranquilles.
Je vous aime, mesdames.
Infos pratiques :
Du 28 mai au 21 août 2021
Entrée gratuite
Réservations :
de 10h à 17h30 lundi, mardi, mercredi, vendredi, samedi. Fermeture de l’exposition à 18h30.
de 10h à 19h30 le jeudi. Fermeture de l'exposition à 20h30.
À compter de l'heure de votre réservation, vous avez une demi-heure pour vous présenter (ex : un billet pour 10h vous permet d'accéder à l'exposition jusqu'à 10h30).
Article écrit par Emma Jalis
Super article !