Kasbah sans tabous : La seconde main, une tendance qui coûte cher à la planète ?
- Elodie Gros-Desir
- 11 nov. 2021
- 4 min de lecture
Depuis plusieurs mois sur les réseaux sociaux, on trouve de plus en plus de vidéos montrant des adresses de fripes ou encore des haul Vinted mettant en lumière une autre manière de consommer, plus responsable et plus engagée. Mais cette nouvelle tendance impulsée par les jeunes générations semble devenir un business tout aussi consommateur que la première main. Décryptage !
Avec l’explosion de l’influence, les marques de fast fashion on trouvé les ambassadeurs parfaits pour faire la promotion de leurs produits.
Au travers de vidéos plus ou moins longues publiées sur YouTube, TikTok ou Instagram les influenceurs font étalage de leurs acquisitions et vantent la “très bonne qualité” des Shein et autres Boohoo.
Il y a quelques années, coup de théâtre : les jeunes générations s’engagent corps et âme dans la mouvance écologiste. Achat de produits bio, gestes anti-gaspi ou encore valorisation de la seconde main… Tous les moyens sont bons pour protéger notre planète en souffrance, tout en faisant des économies !
Peu à peu les “haul Boohoo” ou “Zara” sont remplacés par les “Retour de fripes” ou les “Haul Vinted”. Si au départ, les vidéos du genre comptabilisaient peu de vues, elles rencontrent aujourd’hui un énorme succès auprès des communautés d’influenceurs. Les friperies parisiennes, citées par les influenceurs engagés, se retrouvent prises d’assaut chaque week-end par des centaines de jeunes désireux de se concocter des looks vintages.
Opter pour la seconde main est un choix pour le moins respectable.
On se désolidarise de cette “société de consommation” que l’on a en horreur, on participe à l’économie circulaire et surtout, on ne culpabilise pas de faire travailler de la main d'œuvre bon marché dans des conditions plus que discutables de l’autre côté du globe.
Et cette mouvance pour le recyclage des vêtements et l’engagement pour l’environnement permettent de lutter contre les industries de fast-fashion. En preuve le nombre de pétitions pour lutter contre les grands noms du luxe ou de la consommation.
Ou encore le nombre de manifestations qui ont eu lieu aux Etats-Unis pour dénoncer toute cette industrie de la mode.
Aujourd’hui de nombreuses marques sont également attaquées et critiquées par des activistes ou simplement des consommateurs conscients et engagés.
Ces dernières sont accusées de faire du greenwashing.
Vous savez ce mot qui signifie que de plus en plus de marques de grande consommation se mettent à produire plus responsables pour attirer cette nouvelle génération fan de la seconde main et du recyclé.
C’est à tort que l’on pense que ces initiatives sont plus des gestes pour l’environnement que des techniques marketing douteuses pour attirer ce consommateur naïf mais engagé. Encore une fois, sans mettre la faute sur le consommateur happé par les nouvelles tendances, ce dernier doit devenir plus responsable peu importe son mode de consommation.
Les professionnels du milieu diront qu’il vaut encore mieux n’acheter qu’une seule pièce dans la chaîne de la première main que des kilos de vêtements dans la seconde main.
Mais c’est logique cette réflexion ?
Oui et non, en achetant de la seconde main, on porte des vêtements dont l'empreinte environnementale est déjà “rentabilisée” alors qu’en achetant du neuf on encourage l’industrie et la société de consommation.
Pourtant c’est un fait, n’acheter qu’une pièce par rapport à des kilos c’est tout de même plus responsable. Et nous devons souligner une chose importante : le concept de la seconde main c’est de se faire plaisir raisonnablement !
Pour son portefeuille mais aussi pour éviter que ce mode de consommation ne devienne l'enfant chéri de la fast-fashion.
Tout est question de conscience et de responsabilisation.
Selon Alexandre Zamora, fondateur de la friperie Untucked à Paris “les bénéfices globaux dans l’industrie de la fast-fashion ne cessent de grimper mais on remarque que la seconde main prend le pas sur cette industrie. D’ici 2030, la seconde main représentera une part beaucoup plus importante. C’est une tendance exponentielle et qui a encore de beaux jours devant elle.”
Alors oui, donner aux vêtements d’un.e autre une seconde vie, c’est faire un geste pour l’environnement. Mais tomber dans la surconsommation de vêtements de seconde main n’est pas en option ! Combien de discours moralisateurs pointent du doigt l’industrie de la fast fashion pour avoir mis au goût du jour cette surconsommation que l’on diabolise à tout bout de champ.
“Depuis près de deux ans maintenant, je n’ai pas mis un pied dans un magasin Zara” se vante une influenceuse “Je consomme uniquement en friperie ou sur des sites de seconde main” renchérit une autre.
C’est bien beau !
Mais si tous ces efforts sont réduits à néant parce que la fashionista qui sommeille en nous n’arrive pas à se départir de ses mauvaises habitudes, à quoi bon ?
Car oui, il est préférable de ne plus acheter du neuf au gré des tendances et d’opter pour des vêtements old school mais là encore, il s’agit de rester modéré.
Acheter des vêtements de seconde main ne signifie pas que l’on peut subitement consommer à outrance, en perdant de vue l’objectif principal : protéger l’environnement. Alors si finalement on en vient à bourrer nos armoires et dressings de vêtements qu’on ne portera qu’une ou deux fois l’an, à quoi bon ?
Récemment, la YouTubeuse Rosa B. a reconnu que la consommation d’articles de seconde main pouvait avoir ses mauvais côtés -notamment la surconsommation.
C’est pourquoi, elle a lancé un concept de vidéos dans lequel elle distingue les micro-trends, popularisées par les réseaux sociaux, des tendances qui s'inscrivent dans la mode de manière durable.
Une bonne initiative pour permettre à sa communauté de rester clairvoyante quand il s’agit de succomber à une tendance.
Les maîtres mots de cette nouvelle manière de consommer seraient “acheter mieux” mais surtout “acheter moins”.
Pour ce faire, il est possible d’opter pour de petites marques qui s’attachent à fabriquer leurs produits en France tout en proposant des textiles de qualité à leurs clients ou encore de se diriger vers les gamme "conscious" des marques de fast fashion. “Sacrilège !” me direz-vous… mais le fait est que tout le monde n’a pas le même budget quand il s’agit de shopping.
Alors si à notre échelle on peut déjà faire un geste, c’est déjà pas mal.
Dans tout ça, inutile de préciser que les friperies ou encore Vinted restent nos meilleurs amis. Il faut simplement savoir s’imposer des limites en matière de consommation, comme dans tous les domaines.
Article écrit par Elodie Gros-Désir & Fiona Gentilleau
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