KASBAH & CHILL : THE MIDNIGHT GOSPEL

The Midnight Gospel, c’est la collaboration, en 8 épisodes, de Duncan Trussell, le créateur du podcast The Duncan Trussell Family Hour et de Pendleton Ward, le créateur de la série délurée, Adventure Time.

Du coup, qu’est-ce que donne cette collaboration des plus atypiques ?

Cela donne une série complètement visuellement “what the fuck” que l’on doit à Pendleton Ward qui mixe quelques bribes aléatoires des podcasts de Trussell réalisés, initialement, pour son show.

The Midnight Gospel raconte l’histoire de Clansy, un humain attachant et parfois niais, aux couleurs rose fushia qui, au travers d’un “vortex vaginal” géant, voyage dans l’Espace pour interviewer les habitants des différentes dimensions et ainsi alimenter son podcast interdimensionnel. Jusque-là, on suivait un peu.

Mais la série ne se résume pas qu’à cela. Alors qu’elle semble particulièrement décousue et chaotique, elle n’en est pas moins une traversée philosophique et méditatoire, saupoudrée d’un visuel riche, condensé même si, parfois, incompréhensible.

Le style graphique du show est très éclectique, s’inspirant parfois du manga, parfois de la bande-dessinée.

Beaucoup d’informations et de couleurs sont au cœur de l’imagerie et de la bande son.

Et c’est ce qui fait, à la fois, l'intérêt et le désintérêt de la série: un contraste fort entre des images éparpillées, excentriques, aux couleures pop et acides avec des dialogues eux-mêmes riches en sens, souvent porteurs de messages existentiels, évoqués sous le format du podcast.

Les dialogues sont, ceci dit, introspectifs, puissants, et intelligents mais ils ne suivent pas toujours, voire plutôt peu, ce qui est montré à l’écran, qui est déjà visuellement prenant. En, soi, la série fait appel à deux de nos sens que sont la vue et l’ouïe, mais de manière quasi simultanée.

Ce qui crée chez le spectateur un sentiment d’impuissance à suivre le contenu qui lui est proposé.

Les épisodes suivent une structure évidente: à savoir que Clansy, à chaque début d’épisode, est toujours dans son vaisseau, à s’occuper des choses de son quotidien, jusqu’à ce qu’il soit rappelé à l’ordre par son vaisseau qui semble être doté d’une intelligence artificielle développée, et lui propose de nouvelles dimensions à explorer pour son podcast. A la fin de presque chacune de ses épopées spatiales, Clansy revient avec une paire de chaussures qu’il collecte.

Malgré cette linéarité narrative, le podcast commence généralement très vite et il en est presque difficile de discerner où Clansy a atterri, de quoi parle l’épisode, quel est le thème clair du podcast.

Dans certains épisodes, probablement pas tous, il y a réellement une volonté d’enseigner, et de s’interroger sur les choses qui font notre mental.

Il semble que des sujets comme la Mort, la dépression, la méditation, la magie spirituelle, soient souvent de mise et s'entremêlent beaucoup avec les images acidulées et riches en actions éparpillées.

Le show entier aurait pu être une métaphore illustrée, mais ce n’est pas le cas. Il s’agit vraiment et volontairement de ne PAS illustrer le propos du podcast, et cela est à la fois perturbant, osé et disons, novateur.

Tout cela rend le contenu général de la série condensé et, sans être forcément complexe, il en devient prenant d'énergie car les visuels et la narration, à savoir le podcast, n’ont pas toujours de rapport entre eux et il est parfois difficile de suivre l’un ou l’autre, et encore plus de suivre l’un et l’autre en même temps.

The Midnight Gospel s’est tout de même créé sur un format novateur, qui a rarement été employé dans l’animation pour adultes.

Il s’agit d’un "égocen-trip" intime, mais pas fait pour tout le monde.

● Les + :

• Des visuels trippants et colorés (que les fans de Adventure Time seront contents de retrouver)

• Des discussions philosophiques et morales

• Une portée éducative

● Les - :

• Difficile à suivre

• Parfois ennuyeux

• Un clash sensoriel trop prenant

Article écrit par Inès Baalouche