KASBAH & CHILL : POSE
- Inès Baalouche
- 23 août 2021
- 3 min de lecture
Pose, c’est une série en trois saisons créée en 2019 par Ryan Murphy, producteur de l’anthologie American Horror Story, de Glee, ou encore de Ratched.

La série nous initie, par le biais d’un groupe d’ami.e.s transgenres, à la culture des “balls” et du voguing, rattachée aux mouvements afro-gay et trans du New York des années 1980.
Nous sommes introduits, en début de saison, au personnage de Blanca Evangelista, une femme trans séropositive, sensible, empathique, et généreuse en quête de monter sa propre “house” après s’être émancipée de sa dernière house, tenue par l’acharnée et piquante Elektra Wintour, “Mother” de la house ennemie et personnage haut en couleurs.

Une house (ou maison), dans le jargon appartenant à la culture du ballroom new-yorkais, c’est la représentation de la famille, généralement issue d’une communauté gay/transgenre afro-américaine, se servant des représentations dansantes et thématiques, sophistiquées et glam, pour appliquer leur pouvoir, mais aussi et surtout pour s’affirmer en tant que groupe et ainsi se faire reconnaître.
Généralement, elles sont tenues par des mères, appelées des Mothers, que sont Elektra et Blanca, dans cette série.
Bien que l’idée principale soit de “poser” et de créer un tableau sensuel dans le temps, les compétiteur.trices des ballrooms ne sont pas uniquement des mascottes dansantes ou des robes de soirée extravagantes, ils.elles sont avant tout la représentation d’une famille les ayant acceptés, et ainsi créent un symbole de reconnaissance pour toutes celles et ceux qui sont incompris, seuls et rejetés par leur communauté originelle et/ou le monde extérieur.
Pose est une série, à la fois, d’exposition et d'introspection puisqu’en plus de la culture musicale et dansante du voguing, elle nous présente des personnages plein d'aplomb, sensibles, et aux histoires personnelles caractéristiques du rejet sociétal lié à la communauté trans/gay.

En effet, elle nous montre que cette ostracisation involontaire est davantage doublée par le désir viscéral de certains personnages de changer de sexe, sujet beaucoup plus incompris, et moins “populaire” que le fait d’être attiré par une personne de son propre sexe.
Les lois du monde extérieur face à ce groupe d'individus en particulier sont montrées comme coriaces et hypocrites dans la série, et la première saison est probablement la plus intéressante, dans le sens où elle montre cet écart social entre une communauté dite “cis blanche” initiatrice de règles sociales limitées et binaires, et la communauté afro/gay/trans.
Des sujets délicats comme le racisme, la misogynie, la transphobie ou encore la maladie sexuelle (notamment le S.I.D.A) sont généralement abordés en connivence avec la culture des ballrooms et de la danse.
Bien que le l’univers dans lequel les personnages sont ancrés soit difficile, sombre et parfois malsain, la série est particulièrement bienveillante et dépeint des personnages forts, drôles et courageux.
Des icônes transgenres comme Indya Moore ou Dominique Jackson pétillent et contribuent à l’approche glamour et révoltée du propos du show.

Des téléréalités comme RuPaul DragRace, des documentaires comme Paris is Burning (plutôt axé voguing, houses et ballrooms) ou encore Disclosure (Témoignages de personnes transexelles + série de références historiques et cinématographiques pertinentes et jamais exposées) nous invite à prendre conscience d’un mouvement, d’une communauté qui a toujours existé, parfois même sollicité en cachette par les puissants mais qui n’a jamais été reconnu et accepté.
Pose fait partie de ces nouvelles références, apportant légèreté, sensibilité, peps, enthousiasme et force glamour, mélangeant rocambolesque et histoires personnelles touchantes généralement liées au rejet d’une partie de la population, lié à des différences sociales, culturelles et genrées.
● Les + :
Des personnages à la garde robe du tonnerre
Un propos sincère, bienveillant et touchant
Des personnalités fortes et divertissantes à souhait
Du show, du glam, du “self-empowerment”, de la classe
● Les - :
Une dramatisation un peu poussée de certains sujets parfois (notamment sur le SIDA)
- Quelques épisodes répétitifs
Article écrit par Inès Baalouche
Comments