top of page

KASBAH & CHILL : NORMAL PEOPLE

Normal People, c’est une série de douze épisodes de vingt minutes créée par Lenny Abrahamson en 2020, mais c’est avant tout tiré du roman de Sally Rooney, écrit en 2017.


La série raconte l’histoire amoureuse progressive et majoritairement troublée de Marianne et Connell, qui se fréquentent depuis le lycée, bien que de manière saccadée. Ils découvrent, ensemble mais aussi et beaucoup séparément, les différentes sphères de leur sexualité, de leurs besoins, de leurs rapports amoureux.

L’histoire se déroule en Irlande, ce qui apporte une nouveauté face aux potentielles séries américaines et mêmes anglaises qui jouent sur des tonalités différentes, plus appuyées en général.

Normal People, c’est une introduction délicate et pleine de timidité au couple du 21ème siècle. Ce couple déconstruit et généralement pas assumé de premier abord. Ce couple qui donne naissance à une frustration sociale, à une rancœur interne et à une reconstruction de notre dualité.

Ce qui est intéressant dans cette série, ce n’est pas la mise en place d’une déconstruction des genres mais celle des sentiments. Elle nous explique que les sentiments sont constamment déconstruits, parce qu’ils évoluent, que les situations changent, que le temps passe et laisse place à une compréhension plus ou moins forte de soi-même et donc des autres.


Connell et Marianne sortent ensemble au lycée, mais en cachette. Pourquoi ?

Parce que Connell, à ce moment, n’assume pas le regard des autres au lycée.

Leur relation en pâtit parce que ne pas assumer, c’est déjà dénigrant, mais il est aussi très passif. Il ne révèle rien de ce qu’il ressent, nous le comprenons et à la fois pas du tout.


Lorsque Marianne se fait harceler devant lui, sa réaction est étrange. Il ne la protège pas sur le coup, mais la ramène chez elle après coup.

Tant d’éléments qui sont révélateurs d’une incapacité à être en phase avec ses émotions.

Il l’aime mais lui montre par bribes saccadées et maladroites d’affection.

Le personnage de Connell, incarné par Paul Mescal, est d’ailleurs incroyablement écrit.

Il est à la fois complexe et très simple et exprime avec une belle sincérité certains comportements masculins indéchiffrables.

Marianne (Daisy Edgar-Jones), quant à elle, est aussi intéressante, bien que son histoire soit plus “classique”, ce qui ne la rend pas moins touchante et complexe.

Après le lycée, ses penchants sexuels évoluent, pas en termes de genre, encore une fois, mais en termes de ce qu’elle aime qu’on lui fasse, ce qu’elle veut faire.

Les conversations sur le sexe sont d’ailleurs exquises. D’où lui viennent ces tendances masochistes ?

Sont-ce vraiment le fruit d’une véritable appréciation ou la résultante d’un problème plus profond ?


Son frère, rabaissant et violent, le manque d’empathie visible de sa mère, la poussent à choisir des partenaires sado et toxiques. Connell et Marianne sont donc aux antipodes et pourtant l’osmose entre eux est là. Elle nous est montrée de manière vraiment fine et en filigrane.

Par le biais de la comparaison avec les autres, leurs moments de solitude, leur silence qui en dit tant et le désir foncier de communiquer entre eux de cette bouilloire émotionnelle, même s’ils vivent dans deux stratosphères différentes.

Comme ça, de loin, la série semble vraiment basique, traitant de sujets vus et revus au cours de ces dernières années.

Mais quelque chose la classe à part, et la relève et en fait un chef d'œuvre d’écriture minimaliste.

Nous vous la recommandons pour un bon Sunday binge watch !



Les + :

  • Un tableau humain sincère et délicat

  • Une belle palette des émotions des personnages

  • Une représentation subtile de notre jeunesse

Les - :

  • Du déjà-vu pas trop vu finalement

  • C’est une Love Story (donc forcément parfois niais mais à vrai dire, pas tant que ça !)


Article écrit par Inès Baalouche

Comments


bottom of page