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KASBAH & CHILL : GRAVE

Si vous voulez (re)découvrir un film choc, le film de Julia Ducournau est fait pour vous.



Grave, c’est l’histoire de Justine, élève surdouée qui, à 16 ans, fait son entrée dans une grande école de vétérinaire.

Ce parcours professionnel semble évident d’autant plus qu’elle a grandi dans une famille de vétérinaires dans laquelle ils sont tous végétariens. Enthousiasmée, elle retrouve d’ailleurs à l’école, sa sœur de 20 ans, Alex. Jusque là, rien de bien méchant.



Et pourtant, dans cette description, trois mots-clés sont tordus pour créer l’intensité du film. Tout d’abord, le fait que Justine soit surdouée. Elle est très (trop) rapidement propulsée dans un univers de jeunes adultes âgés d’au moins quatre ans de plus qu’elle. Et ce détail crée un décalage intéressant tout le long du film sur ce qu’elle ne connaît pas encore, notamment, tout ce qui relève de la sexualité.

Justine n’a, à ce stade de sa vie, aucune expérience liée à la sexualité, et cet écart lui est constamment rappelé, même si sa timide indifférence cache une étrange insécurité.

Les seconds points à aborder qui constituent l’essence du film sont le fait qu’elle soit végétarienne, reçue dans une école de vétérinaire. L’univers dans lequel elle est finalement propulsée, est malsain et vite dérangeant.

Rapidement, le concept de bizutage fait son apparition dans le film. Nous le savons, le bizutage, dans beaucoup de grandes écoles, peut être décrit comme violent, pervers, inhumain parfois. Et c’est là que le film prend une tournure différente. Lors de son premier bizutage, Justine doit manger un rein de lapin cru. Demander à une végétarienne de manger de la viande, c’est une chose, mais la forcer à manger de la viande crue, c’en est une autre. Tout découle de ce moment ; les pulsions sexuelles, les relents d’agressivité, les envies étranges de manger non pas uniquement de la viande, mais de la chair fraîche. Justine découvre une nature qui lui était cachée. Son envie de manger encore et encore est inarrêtable. Le film regorge d’insinuations, de jeux de mots et de non-dits sur le thème de la nourriture.

Plus précisément, c’est le thème du charnel (qui se traduit par "carnal'' en anglais, composant le début du mot carnivore) qui est central ici. Un champ lexical puissant lié au cannibalisme qui n’en est pas moins un parallèle avec la découverte de la sexualité, du désir et de la pulsion charnelle.

L’idée, c’est de tout allier car tout est déjà lié. Des scènes de chevaux suspendus, de bestiaux massifs utilisés comme cobayes dans les classes pour que les élèves puissent expérimenter, toucher, étaler.


On en oublie presque que le concept de l’école, c’est de soigner. Les élèves, sans filtres, sont renvoyés à leur bestialité, à leur animalité.


Le côté primaire de Justine est exploité à son paroxysme. Un peu à la manière de Black Swan de Aronofsky, où on ne sait pas si le personnage est victime d’hallucinations, de folie, ou est de surmenage, Justine compare son expérience à sa sexualité. Son coloc’ de chambre, Adrien, homosexuel, en vient à se demander si elle n’est pas encline à des délires peu communs comme le BDSM.

Elle se gratte, elle a faim, elle veut mais ne veut pas. Son envie inquiétante de vouloir manger de la chair humaine lui est inhérente. Elle se bat contre sa nature animale, mais aussi contre des codes sociétaux humains qui l’ont forgée. Tout cela crée une contradiction telle que le film en devient subtil et ironique.


Grave (“Raw” en anglais, qui veut dire cru) exploite ce thème sombre et étrange qu’est le cannibalisme à travers des scènes crues, charnelles, violentes, exhibitionnistes, condensées par des musiques électrisantes et des aplats de couleurs flamboyants. On vous le recommande si vous n’avez pas le cœur trop léger !



Les + :

  • - Une photographie de choc !

  • - Un sujet intense, qui prend par les tripes !

  • - On s’en souvient !

Les - :

- Des envies de nausées à tout bout de champ (d’ailleurs, lors de sa sortie, le film a fait parler de lui, lorsqu’un cinéma à Los Angeles offrait des sacs à vomi aux spectateurs avant la projection pour éviter vomissements et nausées de tout genre !)


Article écrit par Inès Baalouche

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