KASBAH & CHILL : EUPHORIA
- Inès Baalouche
- 5 juil. 2021
- 3 min de lecture
Véritable phénomène de 2020, Euphoria est un cocktail intransigeant de portraits d’adolescents aussi dérangés que dérangeants.

La série, produite par Drake et diffusée par HBO, la chaîne aux contenus controversés, est paradoxalement, une bouffée d’air oppressante.
Jamais encore nous n’avions vu un propos aussi tranchant que glamour dans l’univers de la série télévisée. A part peut être, la série Skins qui joue beaucoup sur la décadence des adolescents en Angleterre, l’usage intensif de drogues et le traitement de relations amoureuses plus que bancales.
Euphoria se détache quand même de Skins et exploite un propos différent sur les variantes de l’adolescence d’aujourd’hui. Des portraits allant à l’encontre du désuet. Des personnalités affirmées et fortes en contradiction nous sont peintes. Une véritable avalanche de névroses et d’incompréhensions nous tombe dessus.

La série est principalement menée par Rue (incarnée par Zendaya), la narratrice du show, toxicomane qui sort à peine d’une cure de désintoxication. Toyboy, transparente, voire fantomatique, elle arbore une vision du monde néfaste et indifférente.
Son rapport aux drogues, inquiétant et malsain, n’en est pas moins justifié par sa capacité à analyser tout ce qui se passe autour d’elle et sa prise de conscience sur le monde qui l’entoure.

Elle fait la rencontre de Jules, une ado transexuelle colorée, lunaire et excentrique, qui cherche avant tout à s’affirmer et à comprendre sa place dans ce monde.
Le parallèle entre les deux amies est incroyablement subtil tout au long de la série, parce qu’elles sont si différentes; l’une pessimiste, l’autre optimiste et pourtant si ressemblantes, étant toutes les deux des recluses, des pariah de la société pour des raisons diverses. Nous suivons leur parcours dans une petite ville chic des Etats-Unis où les habitants (pas que les adolescents) sont en proie à des névroses exacerbées qu’ils contentent chacun par un usage abusif de drogues, d’alcool et de sexe et de relations malsaines.
Nous faisons également la connaissance de Nate (Jacob Elordi), quaterback de l’équipe du lycée, beau gosse, populaire, riche mais violent, possessif, malsain, et toxique comme pas possible qui a clairement des “daddy issues”.
Il sort avec Maddie (Alexia Demie), cheerleader, bombasse et provocatrice, qui se sert de ses très courts crop top et son flux de maquillage pailleté pour cacher ses insécurités et son manque de confiance en elle. Dans le groupe de Maddie, nous avons aussi Kat (Barbara Ferreira), une ado en surpoids qui, d’abord, se cache derrière ses t-shirts démodés à motifs floraux, pour ensuite se découvrir une passion de dominatrix dans l’univers du cybersex. Affirmée, anarchique, provocante, elle est un personnage très intéressant de la série, car elle fait vraiment partie de ceux qui évoluent de manière considérable.
Enfin, Cassie (Sydney Sweeney) qui, s’est faite une réputation de fille facile après qu’une sex tape conflictuelle soit révélée au grand jour. Elle essaie doucement de retrouver le chemin de la douceur et de la prospérité amoureuse.
Viennent s’ajouter à tout ce groupe de révoltés mal dans leur peau, d’autres personnes tourmentées et parfois bienveillantes aux relations complexes et étriquées pour compléter ce casting aux talents évidents. Si vous voulez découvrir une série du tonnerre aux airs de clip de rap trippant, Euphoria vous fera succomber à l’extase.
Et n’oubliez pas les épisodes spéciaux, incroyablement écrits !
● Les + :
Une Bande Originale incroyablement enivrante (suivez l’artiste Labrinth, principal moteur musical de la série)
Un univers visuel puissant
Rythmé et provocant
Magnifique performance d’une Zendaya que vous ne reconnaîtrez pas des Disney
● Les - :
Un portrait pessimiste de l’adolescence
Des scènes choquantes (qui donnent aussi la tonalité de la série)
Article écrit par Inès Baalouche
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