Kasbah & Chill : Big Mouth
- Inès Baalouche
- 24 nov. 2021
- 3 min de lecture
Dans la lignée des séries d’animation pour adultes qui marquent notre temps, Big Mouth se différencie grandiosement de ses consoeurs grâce à des thématiques délurées et succombe, par une tonalité multicolore, osée et engageante, à l’exploration du sujet de la puberté.

Avec la sortie de la saison 5 sur Netflix, Big Mouth, créée par Nick Kroll, Andrew Goldberg (Family Guy), Jennifer Flackett (Beverly Hills) et Mark Levin, est une épopée hormonale dépictant le périple prépubère de deux meilleurs amis, Nick Birch (doublé par Kroll) et Andrew Glouberman (doublé par John Mulaney), vers leur entrée dans l’âge maudit. D’autres groupes de pré-ado gravitent autour des personnages principaux pour appuyer, et miroiter autour de la question de la puberté.
Big Mouth explore de façon très crue et pourtant subtile les questionnements liés à l’importance du corps féminin et masculin.

Tout le monde y passe, et tous les sujets sont de mise.
Des tabous tendant à se populariser de plus en plus comme l’apparition des premières règles, les premières masturbations, les
orientations sexuelles parfois nouvelles, parfois incomprises, les premiers rencards, les premières embrassades, le niveau de popularité de chacun et les querelles amicales.
Nous pourrions penser que, parce que la série évoque des sujets sur la pré-adolescence et la puberté, elle s'adresse directement à ce même public, mais malheureusement, pas vraiment.
Le créateur, Nick Kroll l’a dit lui-même : il semble dommage que parce que Big Mouth évoque ces sujets encore parfois tabous et de manière non filtrée, elle ne résonne pas dans la tête des parents comme étant “saine” pour leurs ados.
Car Big Mouth, il est vrai, met les pieds dans le plat et ne s’en offusque pas.

Une des principales caractéristiques de Big Mouth est sa capacité à évoquer des sujets difficilement abordables par le biais du pouvoir de l’image.
Tout est montré et rien n’est laissé au hasard.
Introduite par une première saison plutôt timide en 2017, la série a très vite pris un tournant, non plus par le biais de l’évocation uniquement, mais par la démonstration directe et imagée.
La mise en place de personnages hommes/femmes-animaux-démons, appelés des “Hormones Monsters” facilite également la discussion autour des sujets autour de la sexualité et des premières envies.
Ces créatures, ressemblants à des lions mal brossés aux voix de fumeurs, et parfois assemblées par des parties génitales à la place du nez, sont la représentation de la conscience érotique et sexuelle des personnages.
Elles ne se manifestent que chez les prépubères et pas du tout chez les adultes, et chaque ado en possède une qui lui est attribuée par la puissance hormonale d’en haut.
Des créatures qui sont un moyen pour les personnages de parler de leurs envies sans jugement, et c’est là où les créateurs font preuve d’une bienveillance et d’une ouverture d'esprit dans l’évocation de thématiques comme l’envie constante de faire du sexe, du désintérêt aussi face à ce même sujet, de l’extension des sexualités et de la curiosité pouvant être jugée comme mal placée, ressentis par des ados parfois frustrés et mal accompagnés.

En somme, Big Mouth n’est pas la série la plus humoristique qui soit, et est probablement moins drôle qu’un South Park ou qu’un Family Guy, mais l’envie des créateurs réside davantage dans un moyen de faire passer des tabous par une manifestation d’ados en pleine éclosion corporelle, sociale et émotionnelle.
Les épisodes sont élaborés et diversifiés, entre chants, métaphores, rêves intimes et parades linguistiques, et méritent un visionnage qui, encore aujourd’hui, est encore un peu “sous-côté”.
Les + :
Une vraie proposition sur le thème de la puberté exposée avec fraîcheur et humour
Un panel de personnages diversifiés et aux problèmes différents
Une volonté d'universaliser des sujets qui concernent...tous le monde finalement
Les - :
Des contenus parfois un peu crus, sans filtres et sans justesse
Si vous n’êtes pas très fan de séquences chantées, parfois les épisodes en abusent
Article écrit par Inès Baalouche
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