KASBAH & CHILL : BENEDETTA
- Inès Baalouche
- 19 juil. 2021
- 3 min de lecture
Après un combo impressionnant de thrillers psychologiques, comme Basic Instinct (1992), Robocop (1988) ou encore Elle, adulé par la critique en 2016, Paul Verhoeven revient en force, cette année, avec Benedetta.

Benedetta, c’est l’histoire vraie de la religieuse italienne Benedetta Carlini qui, au début du 17ème siècle, suscite admiration et mépris. Depuis toute petite, Benedetta est témoin de nombreux actes divins, décrits par certains de ses confrères comme des miracles.
Elle est mise dans un couvent à un très jeune âge et ne cesse de surprendre par ses joutes assurées et impudentes.
Incarnée par une Virginie Efira ardente, Benedetta est un personnage complexe, à plusieurs facettes. Paul Verhoeven, maître dans l’art de montrer sans dévoiler, nous dépeint Benedetta de manière plutôt ambigüe (voir très). Et cela, au point que nous ne sachions pas si le personnage est porteur de sombres desseins et se sert de la suscitation divine pour les accomplir; ou, si au contraire, elle est victime de la providence pour mener à bien une prophétie qu’elle ne peut contrôler.

Benedetta est, comme beaucoup d'individus de l’époque, amoureuse de Dieu, et même, amoureuse de Jésus.
La différence étant que Jésus, personnifié par les rêves lucides de cette dernière, exprime envers elle, les mêmes sentiments.
De ce fait, il lui dicte ses actions qui deviennent des pseudo missions à accomplir sur Terre. Le film prend rapidement une tournure différente lorsque s’ajoute à l’adoration religieuse de
Benedetta, le désir (ou l’amour, on ne sait pas trop) lesbien.
L’arrivée de la jeune Bartolomea au couvent, vient bouleverser le quotidien paisible de la religieuse aux fantasmes jusque-là, uniquement oniriques. Bartolomea (Daphne Patakia) fait très rapidement des avances à Benedetta lorsqu’elle arrive au couvent de Pescia, et ces avances créent chez Benedetta une dualité forte. Est-elle amoureuse de Jésus finalement ou aime-t-elle les femmes ? Et même, le propos va plus loin: aime-t-elle les femmes, ou aime-t-elle Bartolomea uniquement ? Il est intéressant de constater que Verhoeven joue sur tous les tableaux.

Au même titre que nous ne savons pas si Benedetta qui n’est, dans le film, qu’une religieuse, est en fait, ivre de pouvoir et en proie à une aspiration plus grande, comme devenir la “mère” du couvent ; ou si elle est simplement, comme la malheureuse Jeanne d’Arc l’était avant elle, victime d’hallucinations la poussant à la folie.
Il est impossible de déterminer avec certitude ce qui se trame dans la tête de Benedetta et même dans celle du réalisateur, qui nous dévoile, encore une fois, sa maîtrise de la psychologie humaine.
Sans nécessairement transcender l’univers, Benedetta est un film à multiples facettes, qui se penche sur les aléas de la religion face à la féminité. Il est étrange de constater que Benedetta, dans ses contradictions multiples et sa transe, est un personnage complexe mais à la fois très simple finalement.

Comme si nous étions introduits à une entité, ou à une idée plus qu'à l'émancipation d'une âme en recherche d'elle-même. Car Benedetta ne se questionne pas vraiment sur elle ni sur ses fonctions, elle subit et est sujette aux questionnements des autres principalement; ce qui rend le personnage apathique et nous empêche de la comprendre, la rendant quelque peu flottante.
Peut être est-ce fait exprès, mais le film, loin d'être le meilleur de Verhoeven, n'en est pas moins une traversée divertissante et plutôt drôle dans le quotidien peu commun d'une amoureuse de l'Amour.
● Les + :
Une photographie épurée et travaillée
Une musique évocatrice du thème romano-religieux, produite par la talentueuse Anne Dudley
Un sujet parlant et intriguant, porté par des actrices (Charlotte Rampling et Virginie Efira notamment), pleine de grâce et de vérité
● Les - :
Un sujet davantage porté par la religion que par là féminité
Un propos qui s'estompe assez rapidement dû au manque d'empathie que l'on ressent pour le personnage de Benedetta
Article écrit par Inès Baalouche
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