KASBAH & CHILL : ANOTHER EARTH
- Inès Baalouche
- 1 sept. 2021
- 3 min de lecture
Cette semaine, on vous fait découvrir un film vraiment méconnu du bataillon et plutôt atypique: Another Earth de Mike Cahill, sorti en 2011.

Porté par un intérêt évident pour les sciences et les théories humano-scientifiques, Mike Cahill, nous propose avec ce film “presque” d’auteur, une vision semi dystopique de notre réalité à travers un drame poignant.
Another Earth nous introduit au personnage de Rhoda Williams, interprété par Brit Marling, scénariste et actrice de la série The OA, qui parle aussi de spiritualité et d’univers inter-dimensionnels.
Fraîchement sortie du lycée, nous apprenons que Rhoda vient d’être retenue dans l’une des plus grandes écoles de science et de la technologie du monde, MIT. Fascinée par l’espace et tout ce qui le constitue, Rhoda n’a qu’une seule envie: l’explorer.

Un début de film qui nous présente une lycéenne naïve, lunaire mais surtout imprudente qui, à la suite de la célébration de son passage à l’université de renom, rentre en voiture en pleine nuit et, obnubilée par ce qui se trouve dans le ciel, fait un accident.
Au même moment, dans une autre voiture, se trouvent John Burroughs, compositeur et professeur de musique à l’université, avec sa femme enceinte et son fils de cinq ans.
Le film prend, dès les premières minutes, une tournure assez dramatique puisque Rhoda percute la voiture familiale de plein fouet, ne laissant pour unique survivant uniquement le père de famille, John.
Quatre années plus tard, et après avoir fait son lot de prison, Rhoda revient au foyer familial, sans perspective d’avenir, avec pour seul et unique but de rencontrer John, et lui dire la vérité sur ce qu’elle a fait à sa famille. Au lieu de cela, elle réussit, par le biais du poste qu’elle occupe en tant que femme de ménage, à lui faire croire qu’il a le droit à une période d’essai gratuite pour qu’elle fasse le ménage chez lui.

Une relation timide, étrange et ambigüe naît alors entre cet homme déchu, au look névrosé et dépossédé de tout et cette jeune fille, responsable du meurtre de sa famille, vérité que John igore complètement.
En parallèle du drame ancré du film, Another Earth est traversé par un concept le rangeant dans la catégorie science fiction, bien que les éléments qui prévalent de la SF dans le film soient peu visibles et plutôt insinués.
Quelques années auparavant, l’étrange découverte d’une seconde planète Terre, appelée Earth 2, accapare le quotidien des habitants de notre planète. Cette autre planète est décrite, par les scientifiques, comme un miroir de notre planète actuelle: le même nombre d’habitants, les mêmes individus, les mêmes objets et paysages y sont présents.
Une opération concours de voyage test dans l’Espace est mise en place afin que le gagnant puisse se rendre dans cette deuxième planète et rencontrer son double interplanétaire. Beaucoup d’individus voient en cette opportunité une chance d’échanger sa vie, avec son double là-haut, et de recommencer à zéro pour ceux qui vivent un enfer sur Terre.

Les gens fantasment sur leur propre rencontre avec leur “autre” ailleurs, sur ce qu’ils se diraient, ce qu’ils feraient.
Des philosophes et des scientifiques de la Terre 1 transposent ces fantasmes et expliquent toutes sortes de théories propres à notre essence humaine: que nous nous parlons déjà à nous-mêmes tous les jours, que nous sommes dotés d’une conscience extérieure qui nous guide et nous permet de nous identifier au moi, et à l’autre.
Le film est parsemé de petites phrases philosophiques sur l’astronomie et la science des planètes et complètent les quelques moments d’inaction de certaines scènes pouvant paraître comme contemplatives.
Another Earth est une immersion dans le quotidien d’une paria de la société, rejetée, ne pouvant plus s’adapter aux codes sociaux qui lui ont été inculqués.
Rhoda, prodige en astronomie, n’arrive plus, après ses quatres années de prison, à s'extirper d’une culpabilité qui la ronge au quotidien et son envie de vivre ne tient qu’à quelques années lumières.
Le film est une belle invitation au pardon et à la rédemption et exprime, de manière pudique, des concepts existentiels sur notre place sur Terre.
● Les + :
Un message positif et plein d’espoir sur l’existence humaine
Un personnage principal poignant et plein de véracité
Une photographie sobre et poétique
● Les - :
Contemplatif, parfois un peu lent
Des scènes aussi troublantes que touchantes
Article écrit par Inès Baalouche
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