Black Eyed Peas, Monkey Business
- Benjamin Germany
- 27 déc. 2022
- 4 min de lecture
Avant de parler de l’album qui nous intéresse aujourd’hui, faisons un détour par l’histoire plutôt atypique de ce groupe qu’est Black Eyed Peas. De nos jours, on les voit s’illustrer dans la musique latino avec des artistes comme Anitta ou Shakira mais, avant d’en arriver là, ils sont passés par une multitude d’eras.

Black Eyed Peas débute avec un premier album en 1998 sous sa forme originel, c'est-à-dire avec les 3 rappeurs que sont Will.I.Am, Aple.de.ap et Taboo. C’est un album clairement hip-hop avec une volonté underground et anti-système. Après avoir sorti un second opus en 2000, le succès n’est pas encore au rendez-vous, pas assez pour Will.I.Am et son équipe en tout cas. L’idée d’un virage davantage pop/R’n’B commence à mûrir, notamment en intégrant une voix féminine sur plusieurs morceaux.
Au départ, Will.I.Am est tourné vers une jeune artiste, une certaine Nicole Scherzinger, qui deviendra par la suite la chanteuse emblématique des Pussycat Dolls. Mais finalement, c’est Fergie, une jeune chanteuse aidée par le groupe qui prendra sa place après sa prestation sur le tube incontournable « Shut Up ».

C’est Jimmy Iovine, fondateur d’Interscope, qui actera ce choix trouvant que Fergie séduira plus facilement les auditeurs de pop (blanche, blonde, tout ça, tout ça…).
Grâce à son arrivée, le groupe connaîtra un succès retentissant en 2003 avec l’album
« Elephunk » et des titres comme « Hey Mama » ou « Where is the Love ».
Cet immense triomphe nous amène directement au sujet du jour, l’album
« Monkey Business » sorti en 2005, seulement un an et demi après le précédent et toujours avec Fergie dans la composition. Après l’exploit que fut « Elephunk », ce nouvel album était extrêmement attendu.
Les Black Eyed Peas en ont parfaitement conscience et comptent bien offrir un véritable blockbuster sans pour autant dénaturer l’identité musicale acquise avec le dernier projet en date. Une identité manœuvrée d’une main de maître par Will.I.Am et ses différentes productions. Il a quasiment produit l’intégralité du disque (14 morceaux sur 16) laissant une composition à Noize Trip et une autre à l’incroyable Timbaland, très en vogue à ce moment-là. D’ailleurs, parlons des différentes collaborations présentes sur cet album, mélangeant des grandes têtes de la scène rap ainsi que de véritables légendes de la musique. Sur le titre « My Style », on retrouve Justin Timberlake avec la fameuse prod de Timbaland, pas étonnant car ce dernier est clairement le mentor de Justin durant les années 2000.
Du côté des légendes, on a quand même ce roi qu’est James Brown ! Je vous mets au défi de ne pas bouger votre popotin sur « They Don’t Want Music » !
On peut parler de la magnifique brochette du morceau « Like That » avec Q-Tip, John Legend, Talib Kweli et CeeLo Green. Une petite pépite ce son ! Un dernier pour la route, un feat avec Sting où ils reprennent le tube international « Englishman in New-York ». Tout cela pour dire que les Black Eyed Peas ne sont pas là pour rigoler mais pour nous offrir du grand spectacle !
Cependant, l’homogénéité offerte par les compositions de Will.I.Am permet à « Monkey Business » de se détacher des autres albums à grande ampleur de ces années-là.
Maintenant, il est temps de vous parler de l’attachement émotionnel que j’ai avec cet album. Pour cela, il nous faut recontextualiser l’industrie musicale dans laquelle « Monkey Business » sort. Nous sommes en 2005, soit quelques années avant la création des plateformes de streaming tel qu’on les connaît aujourd’hui. La crise du disque vient de débuter, le téléchargement illégal prenant doucement le dessus. J’ai 11 ans et bien que je possède déjà mon premier lecteur mp3, mes parents m’ont habitué à l’achat du format CD. Mon anniversaire est passé et j’ai eu le droit à un peu d’argent de poche.
Je suis en admiration devant le clip du single « Don’t Phunk with my Heart », ma décision est prise, « Monkey Business » sera le premier album que j’achète moi-même avec mon argent. Cet acte peut paraître anodin aujourd’hui, mais dans une époque sans plateforme de streaming, l’achat d’un album était important car on savait que c’est lui qu’on écouterait en boucle jusqu’à l’achat du prochain. C’est par ce procédé que certains et certaines se retrouvent à connaître par cœur, encore aujourd’hui, les tubes de Lorie par exemple. Depuis la claque que je me suis pris ce jour-là, je n’ai jamais cessé d’écouter « Monkey Business ». Il a redéfini mon ADN musical. Même si j’ai ouvert mes horizons, vous pouvez voir à travers mes chroniques que mes amours principaux sont le rap et la pop et je pense vraiment que ce sont les Black Eyed Peas qui m’ont initié à ce mélange.

Malheureusement, par la suite, j’ai eu du mal à encaisser les directions choisies par le groupe. La déception ressentie à la première écoute de « Boom Boom Pow » était comme un coup de poignard en plein cœur. Avec le recul, tout n’est pas à jeter dans l’album
« The E.N.D » mais je n’ai jamais retrouvé ce qui m’a fait vibrer dans « Monkey Business ».
Ils ont pris de multiples directions artistiques, cherchant même à revenir purement au rap en laissant Fergie sur le carreau.
Mais, selon moi, c’était l’alchimie des 4 membres qui créait cette magie.
« Monkey Business » reste trop souvent dans l’ombre d’ « Elephunk » et même de « The E.N.D », écoutez-le, il n’a pas pris une ride et reste, pour moi, l’un des meilleurs albums que j’ai eu la chance d’avoir entre mes mains.
Article écrit par Benjamin Germany
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