Ateyaba : l’ascension sacrifiée d’un roi
- Benjamin Germany
- 21 févr. 2023
- 3 min de lecture
Ce vendredi, Joke qu’on appelle désormais Ateyaba, a fait son retour avec le single « ALC ». L’occasion parfaite pour nous de revenir sur ce rappeur qui a marqué de son empreinte le rap français sans jamais en profiter lui-même. Mais avant tout, retraçons le parcours du bonhomme pour expliquer son influence sur les rappeurs des années 2010.

C’est sur Myspace que Joke (à l’époque) poste ses premiers morceaux en solo après une courte période en groupe. La plateforme faisant son chant du cygne, ces titres passent assez inaperçus. Cependant, un artiste le remarque : Tekilatex. Ce rappeur est connu pour son groupe TTC mélangeant le rap et l’électro. Même si Tekilatex n’est pas ce qui se rapproche le plus de l’univers de Joke, ce dernier décide de partir avec lui car il est prêt à lui donner sa chance. Joke sort donc son premier projet « Prêt pour l’argent » sur le label de Tekilatex. L’album ne fonctionnera pas et Joke quittera le label par la suite, mais cette expérience électronique restera dans son ADN.
Après le morceau « MTP Anthem » sorti sur la tape « WE MADE IT », la proposition musicale devient plus claire. Dans la foulée, il sort le premier projet marquant de sa carrière, l’EP « Kyoto ». Sa différence est désormais flagrante et Joke devient l’un des rookies les plus prometteurs de sa génération. Ce mélange de sonorités trap, électro et Lo-Fi marque immédiatement le rap français.
Plus de temps à perdre, Joke enchaîne avec le projet « Tokyo » confirmant son inspiration venue de la culture japonaise. Son attitude nonchalante avec des textes très crus sur de douces prods, voilà ce qui définit le personnage qu’est Joke.
Ce qui nous amène directement en 2014 où l’inoubliable album « Ateyaba » sort.

Bon, énormément d’histoires autour de cet album, notamment avec les CD retirés des bacs pour un sample non déclaré qui mettra un coup aux ventes potentielles. Mais restons sur l’aspect artistique et son influence. C’est un album qui divise et un album qui divise fait forcément parler de lui. Personnellement, c’est avec lui que je suis pleinement entré dans l’univers de Joke, les deux singles « Majeur en l’air » et « On est sur les nerfs » m’avaient tarté d’autant plus que j’étais très friand d’électro à cette époque. Malheureusement, dans les faits et à l’échelle du grand public, cet album sonne comme la tentative ratée de mainmise sur le trône. Par la suite, il sortira l’EP « Dolorean Music » dont l’impact restera anecdotique malgré l’immense qualité du projet.
Joke marque une grande pause dans sa carrière après ces projets, ce qui nous laisse le temps de voir l’influence que son personnage et son esthétique ont laissé. Même s’il y a peu « d’enfants » purs de Joke, les inspirations diverses sont indéniables. Joke manque au rap français mais surtout, Joke manque aux rappeurs. Il a ouvert un boulevard pour le rap français et son renouveau sans même en profiter lui-même. C’est en 2017 que Joke pointe le bout de son nez avec le clip « Vision » et ensuite « Rock With you ».
Deux annonces majeures, Joke se nommera désormais Ateyaba (son prénom) et un nouvel album, « Ultraviolet » va voir le jour. Je peux vous dire que la hype du public était à son paroxysme. Mais bon, vous connaissez sûrement la suite… Une semaine avant la sortie de l’album, ce dernier est annulé. Pendant plusieurs années, le public gardera l’espoir de pouvoir écouter cet album un jour. Mais les générations ont changé, ses « enfants » ont saisi les opportunités poussant le délire encore plus loin et « Ultraviolet » s’efface peu à peu des mémoires.
Entre-temps, Ateyaba sortira plusieurs titres par le biais de sa web-radio ainsi qu’un projet,
« Infin*gga » qui donne la sensation que « Ultraviolet » est mort mais qu’il nous a été distribué de manière éclatée sur plusieurs années. Aujourd’hui, il revient avec le titre « ALC » dans un clip chamanique absolument magnifique. On a eu tellement de faux espoirs que je ne préfère pas m’emballer… Cependant, une partie de moi espère quand même voir Ateyaba nous offrir un album définitif rappelant pourquoi c’est un artiste qui a marqué le rap français au fer rouge.
Article écrit par Benjamin Germany
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